Des solutions pour
agir
Vers une gouvernance mondiale
Comment l’humanité vat-elle gérer son expansion démographique si elle
continue d’utiliser la Terre comme un libre service ? Chaque
année, la population mondiale augmente de plus de 80 millions
d’habitants, alors que la « maison » qui protégeait
autrefois les êtres humains, non seulement n’a pas changé de taille,
mais en plus est gravement détériorée ! Les prévisions les
plus optimistes prévoient une stabilisation démographique vers le
milieu du siècle, ce qui voudrait dire que d’ici là, l’ensemble de
l’humanité vivrait équitablement, alors qu’un peu partout sur la
planète les disparités et les conflits sont en pleine
augmentation (famine, guerre, exclusion, violences sociales…).
La priorité en matière de gestion de notre monde doit être évaluée en
fonction de ses réalités écologiques et climatiques. Notre civilisation
en dépend. Malgré l’état des lieux de la planète, nous ne pouvons pas
nous permettre le luxe de s’abandonner au désespoir. Souvent, lorsque
je relate certains faits marquants de mes aventures, le public
m’attribue un courage hors du commun dont je ne pense pas réellement
avoir fait preuve. Tout simplement parce que j’étais aculé face à
l’épreuve : devant l’obstacle, attaque d’ours ou crue subite,
je n’avais pas d’autre choix que de le surmonter ou de
trépasser ! L’humanité traverse aujourd’hui une crise
identique. Si ça ne passe pas, ça risque de rompre. Alors essayons de
nous donner la chance de reprendre le contrôle de notre destinée afin
d’empêcher le pire. L’explorateur et savant Théodore Monod disait
que « l’utopie n’est pas ce qui est irréalisable mais
ce qui n’a pas encore été réalisé ». Même si la solution
miracle capable d’enrayer la crise d’un coup de baguette magique
n’existe pas encore, nous disposons aujourd'hui de nombreux moyens qui
pourraient nous aider à sortir de l’impasse.
Eco-citoyens, associations et ONG tentent de se faire entendre et
d’agir de leur mieux en faveur de la protection environnementale.
Malheureusement ces combats sont autant de coups d’épée dans l’eau que
les gouvernements ignorent le plus souvent, même si les choses
commencent tout doucement à évoluer. Les institutions mondiales doivent
impérativement s’entendre afin d’agir de concert en matière d’écologie
et de gestion des ressources planétaires par la mise en place d’une
réglementation draconienne des modes de prélèvements et de répartition
des richesses de la Terre.
Dans son livre Choisir, maintenant, Al Gore fait référence à un
proverbe africain qui dit que « Pour aller vite, il faut
partir seul et pour aller longtemps, il faut partir
ensemble ». Aujourd’hui, nous devons aller très vite et pour
très longtemps !
Stabiliser le climat
Le meilleur moyen de lutter contre les émissions de gaz à effet de
serre consisterait à ne plus en produire, et l’énergie la moins chère
et la moins polluante est celle que l’on ne consomme pas !
Mais nous en sommes encore loin. Dans l’attente de ces jours fastes, un
large éventail de possibilités plus ou moins performantes et coûteuses
s’offre à l’humanité. Les énergies de substitution ont un coût élevé et
certaines présentent des inconvénients d’ordre financier, esthétique,
de santé publique ou d’efficacité. Ce qui peut être valable pour une
région ne le sera pas pour une autre, et ce qu’un pays riche peut
s’offrir, les pauvres doivent s’en passer, du moins pour le moment.
Dans tous les cas, les gouvernements et les industriels doivent
rapidement prendre des décisions qui malheureusement ne pourront pas
satisfaire tout le monde.
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Capturer et stoker
le carbone
La séquestration du carbone émis par les industries est aujourd’hui
possible, mais elle coûte cher et reste à la portée financière des
riches pollueurs. Après avoir subit un changement d’état, le CO2 peut
être réinjecté dans les cavités des roches perméables du sous-sol.
Cette méthode, pour le moment, serait sans conséquences pour la planète.
Le renouvellement des forêts et de la végétation a également pour
avantage d’absorber et de recycler naturellement le carbone
atmosphérique. Solution moins naturelle mais plus innovante, des
chercheurs sont arrivés à concevoir virtuellement des arbres
artificiels, capables de capturer le carbone de l’atmosphère afin de le
séquestrer et de maîtriser son recyclage.
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L’énergie nucléaireL’énergie produite par fission nucléaire émet peu de gaz à effet de
serre mais présente l’éternel problème de la gestion des déchets
radioactifs et des risques d’accidents de réacteur, comme en témoigne
la catastrophe de Tchernobyl. Les chercheurs s’orientent aujourd’hui
vers une nouvelle technologie, la fusion nucléaire, qui vise à
reproduire l’énergie du soleil. Une énergie plus puissante et plus
propre que celle produite par l’ancienne génération de réacteurs. Pour
le moment, et quelque soit l’avenir de cette filière, les ressources
connues en uranium sont en cours d’épuisement. |
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Les énergies
renouvelables
Propres, illimitées et gratuites (une fois leurs installations
amorties), ces énergies nouvelles sont très séduisantes mais encore
loin d’être capables de satisfaire l’ensemble de nos besoins.
L’énergie solaire se développe relativement vite et permet de produire
de l’électricité ou de chauffer l’eau grâce à différents
procédés : panneaux solaires et cellules photovoltaïques,
miroirs réfléchissants pour concentrer l’énergie afin de chauffer un
fluide qui actionne une turbine, serpentin de tuyaux destinés à la
fabrication d’eau chaude…
L’énergie produite par le vent ou énergie éolienne, inépuisable comme
l’énergie du soleil, présenterait toutefois des inconvénients d’ordre
esthétique et de santé publique. Les parcs éoliens pourraient à terme
être installés en mer afin de limiter leurs nuisances.
Peu développée, l’énergie marémotrice utilise le mouvement des marées
océaniques pour actionner des turbines qui produisent de l’électricité,
comme celles des barrages hydroélectriques.
La géothermie récupère la chaleur produite par le noyau de la Terre
pour fabriquer de l’eau chaude destinée au chauffage des habitations ou
des serres agricoles, mais aussi de l’électricité.
L’utilisation du méthane, un puissant gaz à effet de serre issu de la
décomposition de la matière organique (marécage, fonte du
permafrost, intestins d’animaux…) permet de produire de la chaleur,
donc de l’énergie, par des systèmes de fermentation contrôlée de
déchets d’origine naturelle.
Modifier les
pratiques agricoles
L’agriculture et l’élevage sont sources de pollutions multiples et
d’émission de gaz à effet de serre. La production industrielle épuise
la terre, empoisonne les écosystèmes et génère des dérives sociales
dans les grandes exploitations des pays émergents. Il est donc
primordial de modifier les pratiques agricoles, d’une part pour enrayer
les dégradations en cours et d’autre part dans le but de restaurer la
terre nourricière, source de vie.
Pour augmenter la capacité de stockage du carbone des sols, il
suffirait de maintenir le couvert végétal hivernal, véritable puits de
carbone, en effectuant des labours moins profonds et plus tardifs afin
de limiter la dégradation de la matière organique de surface. Par
ailleurs, pour limiter la pollution des sols, des nappes souterraines
et des cours d’eau, il est tout à fait possible de réduire la
consommation de produits chimiques en utilisant des engrais verts et en
procédant à la rotation des cultures car toutes les espèces cultivées,
fourrage, légumes ou céréales, ne consomment pas les mêmes
nutriments.
« Bavure » ou hypocrisie d’un système de
développement dit « durable » et propre, aujourd’hui
la production des agro-carburants ou biocarburants, occupe les terres
cultivables dans le but de nourrir les voitures au détriment des
populations. Par ailleurs, cette forme d’agriculture, la monoculture,
fragilise la diversité des espèces cultivées, empoisonne les
écosystèmes par l’utilisation d’engrais et de traitements chimiques et
génére une nouvelle forme de dépendance auprès des populations
autochtones que l’on a chassées de leur habitat pour le transformer en
exploitation. Heureusement, l’énergie issue de la terre peut être
récupéré beaucoup moins dangereusement à partir des résidus de bois et
des déchets animaliers. Une innovation récente et encourageante
consiste à fabriquer du biocarburant à partir de la production
d’algues, a priori sans conséquence pour l’environnement.
L’agroforesterie : le bois est une ressource naturelle
renouvelable et propre, dans la mesure où la gestion des forêts se fait
dans le respect des règles de renouvellement et des quotas de
prélèvements. Par ailleurs, une forêt en pleine croissance consomme
beaucoup de CO
2 et contribue à freiner le réchauffement climatique.
Les sociétés hyperindustrialisées ont délaissé les techniques agricoles
traditionnelles, pourtant efficaces et non polluantes, au profit d’une
agriculture moderne très peu respectueuse de la terre. Encore de nos
jours, dans les régions arides, les paysans récupèrent l’eau de pluie
et aménagent des citernes. Dans les zones montagneuses ou abruptes, ils
entretiennent les rivières et répartissent l’eau sur des parcelles
étagées grâce à de judicieux canaux d’irrigation. Les systèmes de
jachères, jadis utilisés dans nos campagnes, permettent à la terre de
se renouveler naturellement en la laissant seulement se reposer. Ces
différentes méthodes, qui sont encore largement utilisées dans
certaines régions de la planète pourraient être adaptées à nos besoins
pour peu que l’on veuille bien aussi changer de mode de consommation.
La
géo-ingénierie
A mi-parcours entre la science et la science-fiction, la géo-ingénierie
s’attaque à des projets résolument futuristes qui visent à modifier
directement la planète dans son fonctionnement physique ou biologique
en agissant, par exemple, sur la haute atmosphère ou sur les océans.
Des chercheurs envisagent de nourrir artificiellement le phytoplancton
avec des engrais, comme pour l’agriculture, afin que celui-ci absorbe
plus de CO
2. D’autres projets, encore plus ambitieux, consisteraient à
« équiper » notre atmosphère de parasols solaires qui
renverraient la lumière dans l’espace afin de limiter le réchauffement.
Braver les éléments à un tel niveau n’est pas sans risque, et quand
bien même des projets de cette ampleur devaient un jour prendre forme,
ils nécessiteraient des sommes d’argent colossales.
Protéger le vivant
Même si la crise écologique est majoritairement imputable au
réchauffement climatique et à ses effets secondaires, l’homme doit
également modifier son mode de gestion et sa relation avec l’ensemble
du vivant. Nous devons d’un côté enrayer les grandes mécaniques de
destruction, comme le saccage des habitats naturels, la propagation de
produits toxiques qui polluent l’ensemble des écosystèmes, les
commerces illégaux ou la chasse de loisir, et de l’autre, restaurer les
milieux naturels qui abritent ces espèces dont non dépendons tous,
d’une manière ou d’une autre. Il est nécessaire et urgent d’agrandir
les zones protégées, de créer des sanctuaires, notamment marins, au
sein desquels les espèces auraient le temps de se régénérer, d’aménager
des corridors écologiques qui permettraient aux animaux de passer d’un
habitat à un autre, de se donner les moyens d’interdire définitivement
le commerce illégal d’espèces et le braconnage, etc. Non seulement nous
connaissons les solutions, mais nous avons aussi la capacité de les
mettre en œuvre, même si celles-ci contreviennent souvent aux intérêts
économiques immédiats… ou à la tradition.
S’informer et
éduquer
Sans changement d’éducation, aucun changement ne sera possible dans de
nombreux domaines, mais surtout en matière d’écologie. Il est donc
nécessaire d’agir à la source, c’est-à-dire dans les écoles et par le
biais des réseaux éducatifs ou d’information, mais également de former
une nouvelle génération de professeurs, eux-mêmes dotés d’une intime
conviction en la matière… de même qu’il est capital de montrer
l’exemple aux jeunes sans plus attendre. Les enfants sont naturellement
sensibles et intuitifs et ne comprennent pas toujours pourquoi les
adultes et les dirigeants agissent à l’encontre de ce qu’ils
pêchent ! Essayons au moins d’être en accord avec nos
principes pour que nous puissions les inculquer intelligemment et
surtout honnêtement à nos enfants. Donnons-nous les moyens de
développer chez eux ce que la plupart des adultes
« responsables » n’arrivent pas à
comprendre : un jugement propre et une intuition forte en
matière d’environnement comme en toute chose.
L’homme ne peut plus se contenter d’apprécier la nature « sous
cloche ». Pour cela, il doit se réconcilier
« intuitivement » avec elle et la réapprendre
concrètement. Certains y trouverons leur compte, d’autre non, mais il
est primordial que l’homme de demain comprenne qu’il est lié à la
Terre, autant spirituellement que biologiquement. Sans cette double
approche de la nature, nous n’aboutirons à rien de bien solide, au
mieux à redonner un coup de peinture verte sur le système en place, au
pire à développer une contre-tendance en matière de protection
environnementale.
S’adapter et se
préparer à un nouveau monde
Les impacts de la crise écologique sont désormais visibles quasiment
partout sur la planète, y compris dans les zones les moins accessibles
ou totalement exemptes d’êtres humains. N’en déplaise aux
écolos-sceptiques, cette réalité est d’autant plus avérée que la
plupart des maux qui altèrent notre monde augmentent d’une façon
exponentielle. Même si nous pouvions mettre en œuvre toutes les
solutions aujourd’hui disponibles pour enrayer ces phénomènes, il est
de toute façon impossible d’éviter un réchauffement de 2°C. Ce qui
signifie que dans le meilleurs des cas, il y aura de nombreux dégâts,
et ce dans tous les domaines : inondations, canicules,
ouragans, modification de la répartition des précipitations,
amenuisement de la biodiversité, épuisement des réserves de pêche,
émergence de maladies nouvelles, etc. Quoique l’on fasse et quelque
soit notre degré d’optimisme, à titre individuel ou à l’échelle d’une
nation, il est nécessaire de se préparer à un nouveau mode de vie et de
fonctionnement, de s’adapter afin d’agir plus efficacement et surtout
de se donner les moyens de prendre en mains notre destinée sans
fatalisme ni renoncement.