Le défi des glaces
Hiver 1997 – Territoire du nord-ouest canadien – A
pied et sans assistance dans le détroit de Lancaster
Pendant les mois de mars et d’avril, Bruno Lambert va se replonger dans
l’histoire fantastique et tragique du légendaire Passage du Nord-ouest.
Le programme des Marcheurs de la Terre est désormais connu et reconnu.
Boosté par son récent exploit au pôle, Bruno retrouve le camp de base
de Resolute Bay. Corinne Pelozuelo l’accompagnera sur la banquise,
Fabienne Desbiolles s’occupera des transmissions et des relations
internationales et David Dupond sera le caméraman de l’expédition
(pendant la période d’entraînement dans la baie de Resolute).
Des siècles durant, les explorateurs européens rêvèrent de trouver une
voie maritime qui permettrait de contourner l’Amérique par le nord pour
atteindre l’Orient. En 1845, Sir John Franklin se perd corps et biens
dans l’enfer blanc à la tête de 129 hommes dont pas un ne reviendra
vivant. 12 ans plus tard, F.L. Mac Klintock échoue à son tour dans sa
tentative de passer d’un océan à l’autre mais rapporte d’importantes
révélations sur la fin de l’expédition Franklin. C’est seulement à
l’aube du 20
e siècle que le Norvégien Roald
Amundsen ouvre le passage
à bord d’un petit navire, le Gjoa. L’épopée dure trois ans.
Pendant les deux années de préparation qui précèdent l’expédition, et
durant le déroulement de celle-ci, l’équipe des Marcheurs de la Terre
collabore avec les scientifiques et les médecins de la station MIRE et
du CHU de Genève, coordinateur d’un programme de recherche sur les
transformations de la moelle osseuse et des tissus de soutien. Ce
projet d’envergure internationale devrait permettre aux chercheurs de
découvrir de nouveaux traitements pour les personnes victimes de
lésions médullaires.
Un suivi éducatif en temps réel, intitulé Mission Terre Polaire, a pour
objectif de sensibiliser le jeune public sur la sauvegarde de
l’environnement polaire et des peuples de l’Arctique. Des milliers
d’élèves reçoivent, par l’intermédiaire du camp de base, des bulletins
de route riches d’informations pédagogiques et d’extraits illustrés de
journal de bord.
Les deux marcheurs ont parcouru 1000 kilomètres sans aucune assistance
sur une route qui en compte plus de 15 000. Le traîneau de Corinne
pesait 85 kilos, celui de Bruno 135. Les températures sont descendues
jusqu'à -50°C avec des rafales de 150 km/h. La glace était collante,
les crevasses et les crêtes de compression atteignaient parfois 10
mètres de hauteur et les orages magnétiques perturbaient les vacations
radios ! Pour la seconde fois, Corinne s’est gelé les yeux. Durant
plusieurs jours les deux marcheurs ont été suivis par de nombreux ours
blancs, dont trois ont attaqué.